Photographie d'un Patou et d'un troupeau de mouton à la montagne.

L’éleveur, le Loup, et le patou

Il n’est pas venu seul. Hier, au tribunal de police, ses amis et les sympathisants de la cause des éleveurs attendaient Luc Etellin, l’un des leurs. Il était accusé d’avoir laissé divaguer son patou, un chien de protection des troupeaux. Ce même patou, depuis, a trouvé la mort lors d’une attaque de loup qui, en juillet dernier, a causé la perte de 478 brebis du troupeau de Luc Étellin…

Plus que le procès d’un homme, c’était hier le procès d’un système. Celui qui, depuis la convention de Berne (1982), fait du loup un animal protégé et implique, pour les éleveurs, un dispositif de protection de leurs troupeaux, dont le patou fait partie intégrante. Or ce même patou a causé quelques frayeurs, voire plus, parmi promeneurs et touristes amateurs de montagne. Cercle vicieux.
« Revoir la convention de Berne »

« Nous dénonçons le déséquilibre créé par la présence protégée du loup » explique Hubert Covarel, président du Syndicat départemental ovin. « Les patous sont la seule parade » estime le responsable, qui rappelle que la sécurisation des troupeaux a été imposée aux éleveurs par l’État. « Nous demandons que l’État prenne conscience de son incohérence, et revienne en arrière sur la question du loup en tant qu’espèce protégée ». Car le débat est bel et bien lancé. « Si l’on veut que l’on se sépare des chiens de protection, alors il faut enlever le loup aussi ! » estime Hubert Covarel. Jean-Marc Guigue, président de la FDSEA, va même plus loin : « On me reproche d’être trop radical. Mais je dis qu’il faut taper haut, et que la convention de Berne doit être revue ! ».
Applaudissements dans l’assistance : tous entourent Luc Étellin, soutien moral bienvenu pour celui qui a vu la moitié de son troupeau décimé cet été…

L’État mis en cause

L’audience va commencer : quelques militants choisissent d’y assister, les autres attendent dehors. Mais alors que la porte se ferme, des sympathisants tentent un « coup » : ils avancent un cercueil de bois noir, dans lequel repose le corps du patou de Luc Étellin. Une surprise qui n’est pas du goût du tribunal : le cercueil restera dehors.
À l’audience, l’éleveur et son avocat sont rejoints par la plaignante, Mme Guillot, qui réside à Aiton. Elle avait contacté la gendarmerie en avril dernier. En sortant dans sa cour, elle s’était trouvée « nez à nez avec ces chiens » explique-t-elle. Une belle frayeur qui n’aurait pas eu de conséquence, si Mme Guillot n’exerçait pas la profession d’assistante-maternelle. « Les chiens sont revenus, et j’avais des petits que j’emmenais à l’école ». Évoquant les responsabilités liées à son emploi, la plaignante a voulu « attirer l’attention sur les difficultés liées à ces chiens » et à leur présence, même éphémère, dans les communes. Un argument que personne n’a contesté, la plaidoirie de Me Bern (avocat de Luc Étellin) se concentrant sur l’obligation faite aux éleveurs de protéger leurs troupeaux. Luc Étellin morcellant son cheptel en plusieurs sites, les patous passent de l’un à l’autre. Et traversent des routes communales…
Le Ministère public en est conscient. Il n’a pas demandé d’amende et a proposé « une dispense de peine ». Me Bern, lui, a demandé la relaxe pour son client. Le jugement a été mis en délibéré au 4 octobre.

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