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Des grands prédateurs, vite !

Dans de nombreux départements, le nombre de sangliers a littéralement explosé. Les « bêtes noires » sont partout, à la campagne… comme en ville. Et le coût de leurs dégâts, pour les cultures, dépasse les 50 millions d’euros annuels.

Haro sur la « bête noire ». Les sangliers sont partout. Dans les rues des grandes villes, comme la semaine dernière dans le centre de Chambéry, où une compagnie en maraude a semé la panique. Dans les cultures agricoles, où leurs dégâts annuels se chiffrent à plus de 50 millions d’euros. Voire dans les jardins et les potagers en bordure des maisons. Plus préoccupant encore, ils sont désormais à l’origine de plus de 60 % des quelque 40.000 accidents de la route impliquant chaque année des animaux sauvages. Au point que, depuis 2009, un « plan national de maîtrise du sanglier » a été mis en place – par Jean-Louis Borloo – pour permettre aux préfets d’organiser des battues administratives et de réguler dans l’urgence les populations.

Prises sous tous les angles, d’innombrables photos de sangliers font régulièrement la une des journaux régionaux et le bonheur de la presse cynégétique, qui tente de répondre aux enjeux parfois contradictoires de la prolifération des sangliers. Jamais la France n’avait connu un tel nombre de Sus scrofa : sans doute plus de 2 millions d’individus, soit près de quatre fois la somme des prélèvements annuels effectués par les chasseurs (550.000 en 2010-2011 et 522.000 en 2011-2012). Un phénomène qui ne touche plus seulement le monde rural, mais qui s’étend désormais aux grandes agglomérations. « Si le nombre de grands animaux a explosé, rappelle Humbert Rambaud, rédacteur en chef du magazine Jours de chasse, les villes n’ont pas cessé de s’étendre, rejoignant peu à peu l’espace vital des sangliers. D’où des incursions de plus en plus fréquentes dans les parcs, les jardins et même… des magasins. »

Tous les départements sont concernés par la multiplication des sangliers

Comment en est-on arrivé là ? « Nous faisons face à une situation difficile, explique Benoît Guibert, spécialiste des dégâts de grand gibier à la Fédération nationale des chasseurs (FNC). Car nos études ont mis en évidence de profondes disparités régionales. En dépit des annonces fracassantes et souvent sans nuances sur l’explosion du nombre des sangliers, seuls 10 % des communes françaises, soit 3 200 sites, concentrent 75 % de la totalité des dégâts indemnisés. En revanche, tous les départements font face à un ou plusieurs « points noirs ». ».

La multiplication sans précédent des sangliers peut s’expliquer par une combinaison de plusieurs facteurs, souvent très complexes. En premier lieu, le changement des pratiques agricoles, et notamment l’augmentation des surfaces cultivées en maïs, ainsi que la généralisation des grandes exploitations ont leur part de responsabilité. Les territoires se sont modifiés, facilitant l’accès des animaux sauvages à une nourriture abondante. Pour tenter d’y remédier, les chasseurs ont été contraints d’avoir recours à un « agrainage » massif (en clair, on les nourrit en forêt) afin de les y fixer et d’éviter qu’ils aillent vagabonder dans les cultures. Une pratique à risque qui, parfois, a fait plus de mal que de bien, en concentrant artificiellement d’importantes populations d’animaux bien nourris, plus rapidement adultes et en âge de s’accoupler. Les conditions climatiques, plus douces depuis quelques années au printemps, ont également joué un rôle important dans la hausse de la fécondité des femelles. « Le taux d’accroissement moyen annuel des sangliers se situe entre 60 et 200 %, précise Antoine Berton, rédacteur en chef du Chasseur français. Dans de bonnes conditions environnementales et en l’absence d’un prélèvement raisonné de la part des chasseurs, une population peut rapidement se développer dans un massif et provoquer les problèmes que l’on connaît aujourd’hui. »

Autres causes avancées par la FNC : la « déshérence cynégétique », ou la baisse du nombre des chasseurs et leur inégale répartition selon les régions, ainsi que l’impact des « territoires non chassés », zones difficiles d’accès, réserves et espaces privés fermés à la chasse, dans lesquels les sangliers trouvent refuge et nourriture abondante. Il faut aussi rappeler le rôle de la tempête de 1999, qui a couché des pans entiers de forêts, rendant la chasse presque impossible. Par ailleurs, la mise en place des « plans de chasse », depuis les années 70, et la profonde révolution des moeurs qui l’a accompagnée pèsent d’un poids très lourd sur la situation actuelle. Appliquée aux sangliers, cette culture préservatrice a inscrit dans le marbre la protection des laies meneuses (femelles âgées dominantes qui dirigent les compagnies) et des laies suitées (femelles suivies de leurs marcassins). Les plans de chasse ont aussi incité les chasseurs à privilégier le tir des animaux jeunes et à épargner les femelles en âge de procréer. « Une gestion formidable, mais parfois à double tranchant, assure Antoine Berton. Si nous avons pu maintenir et faire croître de belles populations de sangliers dans plusieurs régions, la machine s’est emballée et un certain nombre de sociétés de chasse se sont retrouvées littéralement débordées. » Plus ou moins volontairement parfois.

Pour les chasseurs, qui payent les dégâts du sanglier, l’addition est salée

Un « productivisme cynégétique » souvent commercial et condamné comme tel par la FNC. « Nous devons reconnaître que des détenteurs de droits de chasse ont pu organiser par endroits une surpopulation, déplore Benoît Guibert. Confrontés à un prix très élevé de location des territoires et soucieux de conserver ou d’attirer de nouveaux actionnaires, ou tout simplement de faire du profit, certains n’ont pas hésité à effectuer des lâchers de sangliers, à pratiquer un agrainage démesuré et un plan de chasse largement sous-évalué. Ce mode de gestion est un mal contre lequel les fédérations doivent lutter, sans tenir compte des intérêts de certains groupes ou sociétés de chasse. ».

Au bout du compte, pour les chasseurs, l’addition est salée. En 2011, ils ont ainsi dû acquitter la somme colossale de 50 millions d’euros, dont 38 millions versés directement aux agriculteurs, pour rembourser les dégâts dans les cultures imputables au grand gibier et plus particulièrement au sanglier. « Mais ce système de remboursement, décidé il y a plus de quarante ans, est-il toujours justifié et d’actualité ? se demande Paul-Henry Hansen-Catta, directeur de la rédaction de Plaisirs de la chasse. En effet, de récentes dispositions réglementaires libéralisent la « destruction » des sangliers, en cas de surpopulation, sans faire appel aux chasseurs. Pourquoi donc les chasseurs devraient-ils continuer à payer ? ».

Source : Le Figaro

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La surpopulation de sanglier, ou plutôt de cochonglier, est uniquement dû à l’action de l’humain, et principalement celle des chasseurs.

A noter que ces mêmes chasseurs exterminent les grands prédateurs qui sont la réponse à la prolifération des cochongliers.

association Le Klan du Loup

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