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L’Homme, un prédateur sous-estimé

Cinq ans d’observation, 43 caméras de vidéosurveillance et des centaines de milliers de photos pour arriver à une conclusion : l’être humain est l’espèce qui a le plus d’influence sur le fonctionnement des milieux naturels.

A première vue, la découverte n’en est pas une. Mais les résultats de l’étude réalisée par l’université de Calgary (Canada) et publiée le 8 mai dans la revue PLOs One remettent en question la grille d’analyse traditionnelle des écosystèmes. Selon le groupe de chercheurs canadiens, pendant des années, le facteur humain a été sous-estimé.

Pour comprendre comment les différentes espèces présentes dans un écosystème se régulent, les biologistes ont longtemps eut le choix entre deux approches. Soit ils s’intéressaient au sommet de la chaîne alimentaire, c’est-à-dire à l’impact des grands prédateurs sur l’ensemble des autres espèces. Soit ils regardaient à la base de la pyramide, en mesurant l’influence de la quantité de végétaux disponibles. L’ensemble formait ce qu’on appelle « l’équilibre prédateur-proie ». A coup de publications scientifiques, les débats ont fait rage pour savoir lequel de ces deux mécanismes, descendant ou ascendant, avait le plus de poids.

LES HERBIVORES AUGMENTENT, LES COMPORTEMENTS CHANGENT

« Ni l’un, ni autre », tranche Marco Musiani, qui a dirigé l’étude canadienne. « C’est l’homme qui en influençant chacun de ces mécanismes a le plus fort impact. » Pour le prouver, son équipe de l’université de Calgary a surveillé pendant cinq ans l’activité des loups, des élans, des moutons et des êtres humains présents sur un territoire de 9 000 km2 au sud de l’Alberta. « L’objectif était de mesurer l’influence humaine pas seulement sur une espèce mais sur l’ensemble de la chaîne alimentaire », explique M. Musiani. Les biologistes ont donc choisi de surveiller, à l’aide de GPS, de satellites et de caméras, les effectifs et les déplacements des prédateurs et de leurs proies.

Dans la zone d’étude choisie, qui présente une densité de population à peu près équivalente à celle des campagnes françaises, les chercheurs ont remarqué une double influence humaine. D’une part, la production de fourrage liée à l’agriculture et à l’élevage augmente les ressources alimentaires des herbivores. D’autre part, en journée, la simple présence de l’homme écarte les prédateurs. Résultat : Le nombre d’herbivores augmente.

Mais l’homme ne modifie pas seulement la répartition des espèces, il bouleverse aussi leurs comportements. En observant les élans de l’Alberta, les chercheurs ont constaté que ceux-ci passent plus de temps la tête levée à surveiller leur environnement, que le museau au sol pour se nourrir,  » la présence humaine a donc un impact sur leur nutrition et sans doute, par ricochet, sur leur santé », explique M. Musiani.

« L’ÉCOLOGIE ÉTAIT UN PEU COMME L’ASTROLOGIE »

Or, ce paramètre a longtemps été négligé. « L’écologie en tant que science était un peu comme l’astrologie : très éloignée des êtres humains », s’amuse M. Musiani et « encore aujourd’hui, les processus sont souvent étudiés comme si la nature était sous cloche », regrette-t-il. Un constat que nuance Florent Mouillot, chargé de recherches au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE), le principal laboratoire français de recherche en écologie, « depuis une vingtaine d’années, le facteur humain est intégré dans la plupart des études écologiques », précise-t-il. Spécialiste des incendies, le chercheur a par exemple établi que les paramètres humains sont dix fois plus influents que ceux liés au climat pour expliquer leur déclenchement. « On a alors constaté que la première grille de lecture – plus il fait chaud, plus il fait sec et plus on a d’incendies – n’était plus pertinente », affirme-t-il.

Cependant, M. Mouillot reconnaît que la démarche reste limitée. « Quant il s’agit de mesurer cet impact sur la distribution des espèces animales, des verrous scientifiques subsistent », admet-il. « La pression que l’homme exerce sur un environnement relève plus de la politique que de l’instinct, avance le chercheur, ce qui, du point de vue des biologistes, rend ce paramètre très compliqué à étudier et peut expliquer qu’il soit laissé de côté. »

Pourtant, peu de milieux naturels échappent à la présence humaine. « A part au beau milieu du Sahara ou de la forêt amazonienne, l’homme est partout », souligne M. Musiani. Et si les espaces protégés existent, les sanctuaires sont rares. En France, les parcs nationaux attirent à eux seuls près de 8,5 millions de visiteurs chaque année. Ainsi pour Marco Musiani « qu’on le veuille ou non, l’homme est un facteur que les sciences de l’environnement ne peuvent plus laisser de côté ».

Source : Le Monde

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Homme de Vitruve

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association Le Klan du Loup

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