Illustration représentant l'arrière du Petit Chaperon rouge et un loup se léchant les babines.

Littérature lupine

« La peur est une fonction naturelle de l’être humain. Sans la peur, la survie de l’espèce ne serait pas assurée, explique, dans un entretien à Lexpress.fr, Christophe André, psychiatre et auteur de Psychologie de la peur (Ed. Odile Jacob, 2004). La peur de l’eau, des gros animaux, de l’inconnu, du tonnerre, sont des signaux d’alarme qui mobilisent nos ressources face au danger et jouent donc un rôle d’éducation« .

La littérature enfantine, rouage de la survie de l’espèce ? Oui, entre autres, selon M. André pour qui « le livre possède la double fonction d’information et d’exposition. Si, à travers une histoire, on apprend à l’enfant que l’on peut faire face au loup, cela ne deviendra pas une peur excessive« . Si les auteurs lui donnent parfois le bon rôle, le loup reste le stéréotype d’un prédateur cruel. A l’occasion du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, du 28 novembre au 3 décembre à Paris, le site Babelio.com a mené l’enquête.

Son étude, réalisée sur une sélection de 2 400 livres jeunesse prisés de ses lecteurs et mettant en scène des animaux, installe le loup tant redouté à la première place de ce top 20, avec 367 apparitions. Le loup ne chôme pas, reléguant à la deuxième place le chien (293 apparitions), suivi du chat (277), du cheval (240), de la souris (224) et de l’ours (144). Le lion, et prétendu roi des animaux, doit se contenter d’une piètre 12e place, largement devancé donc par la souris. « On a souvent besoin d’un plus petit que soi », n’est-ce pas La Fontaine ? Mais, selon les enseignements de cette étude, « La Fontaine avait tort : la grenouille (11e) est bel et bien plus grosse que le bœuf, ou plutôt que la vache, 17e du classement. Quant à la tortue, elle n’a même pas passé la ligne d’arrivée. »

Et dans la jungle d’Internet, le loup exercice-t-il son joug sur la faune numérique ? Pas vu dépasser la moindre oreille de quelque LOLwolf, ou si timidement qu’il est inexistant au regard des LOLcats (LOL, acronyme de laughing out loud symbolisant l’amusement, et cats pour « chats ») « image combinant une photographie de chat avec une légende humoristique et idosyncrasique » ou encore « vidéo de chats en train de faire des trucs débiles ».

Sur Internet, le Canis lupus est très largement détrôné par le Felis silvestris catus… et pour cause, il ne joue pas du piano, ne se déplace pas comme un ninja et ne plonge pas non plus dans une boîte de céréales. La requête « chat », dans Google, ouvre un potentiel de 420 millions de pages, contre 52 millions pour le loup. Mais c’est sans compter ces « loups », prédateurs redoutables qui rôdent dans les bois d’Internet, à l’affût de jeunes proies . Au loup, au loup !

Source : Le Monde

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