Carte de la Suisse en rouge avec une croix blanche au milieu.
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La Suisse aime ses grands prédateurs

Interdire totalement les mises à mort d’ours, de loup et de lynx en Suisse. C’est le souhait de l’initiative «pour la protection des grands prédateurs» lancée par le Genevois Jean Barth. Son projet est le dernier encore en course après l’échec, en début de semaine, de l’initiative «Le loup, l’ours et le lynx». «Nous sommes opposés à tout tir contre les grands prédateurs, explique Jean Barth. Il y a bien d’autres moyens à mettre en œuvre pour éviter les conflits, comme installer des poubelles anti-ours ainsi que protéger les troupeaux et les ruches. Dans les cas extrêmes, l’usage de balles en caoutchouc pour effaroucher l’animal peut être envisagé.»

Un retour naturel et possible

Cette initiative, dont la récolte des signatures marche bien selon son initiateur, s’inscrit dans un contexte où la protection des grands prédateurs a été allégée. Cet été, l’ordonnance sur la chasse a été modifiée et facilite le tir des grands prédateurs lorsqu’ils commettent des dommages importants, notamment sur le bétail et le gibier. C’est le fruit d’un dialogue de longue haleine entre les défenseurs de la nature, les chasseurs et les éleveurs. Tous les acteurs concernés sont tombés d’accord sur le fait que le retour des grands prédateurs et leur développement en Suisse sont considérés comme naturel et possible. D’un autre côté, les tirs de régulation sont autorisés lorsque des dégâts sont commis par ces animaux. Hier, on apprenait d’ailleurs que l’ours «M13» a tué une ânesse portante dans la région de Poschiavo (GR). Mais aucune mesure ne sera prise contre le plantigrade dans l’immédiat.

«Notre objectif est de ne pas attiser les conflits, indique Pierrette Rey, porte-parole du WWF. Il faut trouver des solutions satisfaisantes pour tout le monde et nous avons le sentiment que l’initiative «pour la protection des grands prédateurs» pourrait relancer la polémique sur ces animaux.» Pour le zoologue Daniel Cherix, avancer à pas de loup est la bonne option. «Les lynx sont présents en Suisse depuis une quarantaine d’années, nous avons donc une certaine expérience avec eux. Ce n’est pas le cas pour les loups et les ours. Il faut les laisser s’installer avant d’envisager des régulations.» Pour le professeur à l’Université de Lausanne, la présence des grands prédateurs doit être envisagée sur le long terme: «Les dernières études montrent que la réintroduction des superprédateurs est bénéfique pour toute la faune. Dans un premier temps, leur présence peut avoir un impact sur le gibier et le faire diminuer, mais ensuite elle va le rendre plus dynamique et plus solide. Leur réintroduction rééquilibre aussi les populations de mésoprédateurs comme les renards, qui lorsqu’ils prolifèrent posent tout un tas de problèmes, comme la rage.»

Des populations en hausse

Daniel Cherix estime que le retour des grands carnivores est une bonne nouvelle. « C’est une preuve que notre écosystème se porte bien. » Les populations devraient continuer à croître. « Pour les lynx, il y a encore un grand potentiel de développement dans les Alpes, explique Manuela von Arx, biologiste au KORA (projets de recherche coordonnés pour la conservation et la gestion des carnivores en Suisse). Du côté des loups, il est très vraisemblable que leur population augmente et qu’une meute apparaisse. En ce qui concerne, l’ours, c’est difficile à dire. » Et la spécialiste du KORA souligne que chaque animal possède des problématiques différentes mais ils ont tous un point en commun: «Il y a une partie de la population qui les aime et une autre pas. Pour résoudre ces conflits, il n’y a que le dialogue entre les différents acteurs qui pourra se révéler efficace.» Et assurer un bel avenir en Suisse à ces grands et beaux carnivores.

Source : Le Matin

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