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Les bergers français sont-ils les plus bêtes du monde ?

Arc alpin, quand les Loups sortent des bois

Après un été sanglant dans les alpages, l’Association européenne de défense du pastoralisme contre les prédateurs se lance dans une campagne de démythification du loup. En neuf points, les dangers causés par ce prédateur.

Correspondant régional. L’Humanité. 03/12/2005

« Le lobby environnemental est plus écouté qu’une profession, celle des éleveurs, en voie de déshérence », estime Claude Guigo, animateur à Nice de l’Association européenne de défense du pastoralisme contre les prédateurs. Laquelle, pour contrebattre la presse trop bonne pour le loup, vient de publier, avec le concours financier du conseil général des Alpes-Maritimes, présidé par le ministre de l’Aménagement du territoire Christian Estrosi, un dépliant diffusé à cent mille exemplaires. Il sera distribué par les organisations agricoles dans tout l’arc alpin. La présence des loups, dont les deux premiers spécimens avaient été repérés en 1992 dans un vallon du parc national du Mercantour (Alpes-Maritimes), est en effet signalée dans toutes les Alpes du Sud et, depuis l’an dernier, jusque dans le Jura.

« Nous pouvons estimer qu’ils occupent aujourd’hui un territoire de 4 500 kilomètres carrés, au sein duquel on compte 300 000 brebis mères au pâturage, soit un tiers de l’effectif, de la côte méditerranéenne au lac Léman », précise René Blanchet, le président de l’association. Et l’été écoulé fut dramatique, avec plusieurs centaines de moutons et brebis tués et, surtout, comme le souligne Claude Guigo, « plus du tout d’installation de jeunes en élevage ovin et un certain fatalisme qui s’installe vu l’inertie dont fait preuve le gouvernement ». Si deux loups ont bien été – légalement – abattus dans les Hautes-Alpes, ailleurs, comme dans les Alpes-Maritimes, le plan anti-loup concédé par le ministère de l’Écologie n’a pas été mis en place correctement. Un laisser-faire qui indigne les chambres d’agriculture et les syndicats agricoles. Tous réclament que l’on « enlève » le prédateur des alpages. « Le loup n’explique pas les difficultés que rencontrent les éleveurs, mais il y contribue grandement », affirme-t-on à la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes. Pour mieux en convaincre l’opinion publique, les auteurs du dépliant vous disent tout ce que vous avez voulu savoir sur « le loup » sans oser le demander. En neuf points ainsi résumés :

  1. Le loup n’est pas une espèce en voie de disparition puisqu’il y en a 200 000 dans le monde.
  2. Le loup n’est pas menacé en France : sa population, une centaine d’individus, s’accroît de 20 % par an.
  3. Le loup menace l’avenir des éleveurs (2 600 animaux tués dans les Alpes en 2004).
  4. Le loup n’est pas un bienfait pour l’environnement car l’abandon de secteurs d’alpage favorise l’embroussaillement et l’incendie.
  5. Le loup coûte cher à protéger, soit 50 000 euros par tête l’an dernier.
  6. Le loup tue plus que les chiens divagants, lesquels sont responsables dans les Alpes du Sud de 0,3 % des morts dans les zones non protégées.
  7. Les éleveurs ne laissent pas leurs moutons livrés à eux-mêmes : 80 % des troupeaux en alpage sont l’objet d’un gardiennage permanent.
  8. Les éleveurs protègent au mieux leurs troupeaux (800 chiens patous présents), mais certaines mesures de protection sont difficiles à mettre en œuvre suivant les saisons dans certains secteurs de montagne.
  9. Les éleveurs des autres pays ne se sont pas mieux adaptés au loup : en Italie il est maintenu seulement dans les zones d’élevage laitier, et en Espagne il est chassé, dans le cadre protecteur de la convention de Berne.

L’association espère qu’ainsi « habillé pour l’hiver », Canis lupus aura moins la cote parmi les citadins de la Côte et que les citoyens pourront enfin débattre sereinement autour de la seule question qui vaille : « Veut-on, oui ou non, maintenir un élevage de qualité dans nos montagnes méditerranéennes ? »

P. J.

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Industriel ovin apeuré par le Loup

L’industrie ovine français a une vision productiviste de la Nature qui vise à son artificialisation.

Cette attitude est typique des néo-ruraux gavés aux subventions diverses et variées.

A tout cela, vient s’ajouter la peur du Loup liée à la méconnaissance du milieu naturel.

association Le Klan du Loup

Commentaires sur l’article « Les bergers français sont-ils les plus bêtes du monde ? »

1 réponse

  1. Une manifestation a réuni dans les rues d’Aix en Provence 50 bergers et leur dix mille moutons, venus protester contre les dégâts causés par les loups. La contre-manifestation de loups qui a suivi n’a attiré qu’une centaine d’animaux

    (Marc Escayrol)

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