Panneau type AK avec un pantin dans le triangle jaune et "attention manipulation" dans le sous-panneau blanc.

Des journaleux et de la haine du Loup

A force de chercher le scoop à tout prix, bon nombre de journalistes font dans la facilité. Et dans ce registre, quoi de mieux que le grand méchant loup ?

Cherchant le sensationnel à tout prix, les animaux continuent de fasciner et de jeter l’effroi. Il est donc aisé de les utiliser pour faire les gros titres, et certains journaux ne s’en privent pas. Hélas, c’est bien souvent en dépit de la réalité, car bien souvent, un simple fait divers banal sera exploité et grossièrement exagéré pour en faire un gros titre spectaculaire, le dernier exemple en date étant : « Un étudiant pris en chasse par un loup en Valais ».

Sauf qu’en lisant l’article, on réalise que le loup se trouvait… De l’autre côté du versant, à plusieurs kilomètres. Bien que l’étudiant ait pu effectivement être surpris voir effrayé de cette aventure, rien ne justifie un titre aussi racoleur, qui donne l’impression que le loup ait vraiment attaqué l’étudiant alors qu’il n’en ait rien.

Hélas, ces titres sont légions, surtout lors d’attaques de loups sur les troupeaux : « Attaque de loups dans le Mercantour : un berger en réchappe in extremis »

En lisant l’article, on réalise que ce sont les moutons fuyant qui ont failli tuer le berger, et non le loup…

Mais en dehors des titres racoleurs, il y a aussi le contenu, quasiment toujours identiques : on parle des dégâts du loup, sa place dans nos paysages, puis on va prendre le témoignage d’un éleveur, berger, ou le récurrent Christian Estrosi, maire de Nice qui est un anti-loup notoire. Jamais, ou très rarement, d’autres sons de cloche, de quoi donner l’impression que tout le monde veut la mort du loup ou au moins, sa limitation, et que sa place est remise en question à chacune de ses attaques. Sauf qu’il n’en est rien vu que 80% des français y sont favorables.

Quant aux arguments en faveur du loup, on n’en trouve pas la moindre trace dans ces articles à charge qui oublient systématiquement de mentionner que les dégâts des chiens errants sont bien plus nombreux, mais pas indemnisés… Que le loup régule sangliers et cerfs bien mieux que tout les chasseurs réunis, qu’il joue son rôle en supprimant les individus les plus faibles, ce qui redonne un peu de sens à la biodiversité et aux écosystèmes dans les forêts françaises qui n’ont plus de prédateurs depuis fort longtemps, créant de nombreux problèmes, notamment la prolifération de « nuisibles » et autres animaux provoquant des dégâts aux cultures ou aux paysages.

Et quid des moyens de protection qui sont encore rarement mis en place par ces éleveurs toujours premiers à exiger la mort du loup. Rappelons à ce sujet que l’indemnisation est systématique du moment que le loup soit imputé à l’attaque, même si aucun moyen de protection n’existe, et même si l’éleveur a subit plusieurs attaques sans prendre aucune mesure malgré ses indemnisations. En Allemagne, l’indemnisation est systématique à la première attaque, mais si, à la seconde, aucun moyen de protection n’a été mis en place, il n y aura plus d’indemnisation.

En France, nous continuons de mettre sur le dos du loup tout les problèmes de la filière ovine, comme si sa survie en dépendait alors qu’elle sous perfusion avant même le retour du loup. On continue à promouvoir la filière ovine et à vanter ses bienfaits alors que l’élevage nuit à la biodiversité et n’est plus rentable.

Pourquoi continuer à tirer sur le loup et à protéger un secteur moribond ? Pourquoi vouloir absolument maintenir ce secteur à flot alors que tout indique sa régression ? Pourquoi ne pas redéfinir ce modèle obsolète ? Pourquoi ne pas avoir réfléchi à ces questions bien avant la situation actuelle, qui ne cesse d’empirer ?

Tout simplement car en réalité, nous n’aimons pas le changement, nous ne voulons pas remettre en question nos vies. Les politiques n’ont jamais amené une quelconque évolution dans la société, et ce dossier le prouve une fois de plus : il ne faut pas compter sur eux pour un éventuel changement.

Quant aux éleveurs, exerçant leur métier, on peut comprendre leur réticence à changer leur modèle. Mais il n’est pas acceptable qu’ils s’en prennent ainsi au loup, à un facteur n’ayant qu’un faible impact sur leur activité.

Et il n’est pas normal, pour leur métier et leur honneur, qu’ils se réfugient derrière les politiques sans vouloir remettre en question leurs pratiques, sans même vouloir dialoguer avec les pro-loups qui pourtant ont toujours fait des concessions et donné des conseils et des arguments construits.

Il serait donc temps que les journalistes arrêtent de prendre le parti des politiques qui ne font que suivre les directives de quelques éleveurs haineux qui n’ont d’autres solutions que de tuer tout les loups existants. Que les journalistes fassent ce qu’exige leur métier, c’est à dire, des investigations de fond, objectifs, prenant en compte toutes les opinions et n’y mettent pas leur opinion personnelle.

AgoraVox
Panneau type AK avec un pantin dans le triangle jaune et "attention manipulation" dans le sous-panneau blanc.

Tout est dit dans ce très bon article d’un certain POlivier. Merci à lui.

association Le Klan du Loup

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