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Loup dans les Pyrénées

Ce Loup italien qui rejoint les Pyrénées et s’installe dans le Carlit

Quelle place l’homme moderne est-il prêt à accorder à la vie sauvage ? Cette question revient en boucle dans l’actualité ces dernières semaines. Avec la réintroduction des ours dans les Pyrénées d’abord. Entre l’hostilité des éleveurs et l’enthousiasme des écologistes, le débat sur le destin des zones de montagne est âpre.

Après l’ours, c’est avec la multiplication des vautours fauves en Cerdagne que cette question est revenue, hier, dans nos colonnes. Aujourd’hui, c’est l’implantation du loup sur les crêtes voisines du Capcir qui la pose à nouveau…
Une question et, pour l’instant, pas de réponse facile.

Eh bien oui, il est là.

Là quelque part dans les forêts de ce massif du Madres qui, entre Aude et Pyrénées-Orientales, étage ses 2500 mètres. Il est là, le prédateur mythique, le loup, hier terreur des contes, aujourd’hui exaspération des bergers. Exaspération?
Dans les Alpes, oui : le retour du loup y a ravagé des troupeaux et jeté dans les rues des manifs d’éleveurs plus habitués au grand air des estives. Mais dans les Pyrénées ?
Depuis sept ans que sa présence est certaine, la cohabitation avec l’homme s’y passe sans trop de heurts.

Il faut dire que le loup, pour l’instant, n’a pas la force du nombre. Ses attaques sur les brebis sont largement éclipsées par celles des chiens, fléau récurrent de ces terres d’élevage. Les huskies des stations de ski, les braves toutous des villages n’hésitent pas à se mettre en meute pour grimper la nuit jusqu’aux sommets du Carlit et s’attaquer aux troupeaux. Avant de redescendre retrouver leur pâtée.

Mais en 1998 certains indices ont laissé les professionnels perplexes. Quelques tests ADN plus tard, le doute n’était plus permis : le loup était bien là.

Deux loups plus exactement, un mâle et une femelle. Avec, à la clé, une surprise de taille : souche italicus, ce loup venait d’Italie. Tout aurait incliné pour l’Espagne, pourtant : le prédateur, éteint depuis plus d’un siècle sur le versant français, n’y a jamais complètement disparu. Aujourd’hui encore, l’Espagne recense entre 1500 et 2000 loups.
Mais non : le loup catalan a le gène italien. Explication d’Alain Bataille, chargé du dossier grand prédateur à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage : «Les loups espagnols sont concentrés dans l’ouest de la chaîne. Le massif de Madrès est donc aussi loin d’eux que des Alpes». Simplement on aurait pu penser que la vallée du Rhône, les autoroutes, l’urbanisation seraient des obstacles plus redoutables que les hauteurs pyrénéennes où l’installation humaine est rare.

Or, la présence quasi-certaine de deux loups en Lozère et certains témoignages (lire par ailleurs) attestent que non : le loup italicus est un voyageur. Au point d’être allé voir plus loin si les terres étaient plus accueillantes ?
Le maire de Nohèdes, Vincent Mignon, en est convaincu : c’est sur les estives qui dominent sa commune que le loup s’est fait remarquer la première fois. «80 brebis tuées en trois ans dans un même élevage», dit le maire. Mais depuis deux ans, il est parti».

Ce n’est pas l’avis d’Alain Bataille : pour lui, les loups sont toujours là. L’été 2005 a vu deux attaques – une brebis chaque fois – qui semblent porter leur marque (été où en une seule attaque de chiens, 160 brebis ont péri dans une bergerie).

Pour confirmer cette présence, un réseau de surveillance, mettant à contribution tous ceux qui fréquentent la montagne, des chasseurs aux naturalistes du dimanche, vient d’être créé pour en relever les traces. Car dans ce morceau des Pyrénées catalanes, aucune meute ne s’est encore installée. Le mâle et la femelle détectés en 98 ne semblent pas avoir fait souche. Que se passera-t-il si – ou, plus probablement quand… – la chose se produit ?
La position d’Alain Bataille est celle de son ministère de tutelle : une espèce protégée et si elle retrouve, sans aide humaine, un milieu qui fut jadis le sien, pourquoi pas ? «Il n’y a aucun danger», dit-il.

Mais enfin c’est égal : en levant la tête vers les sommets du Madres, on ne les regarde pas tout à fait du même œil…

ML
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Les Pyrénées

Deux précisions concernant cet article :

  • le loup n’a jamais « ravagé » les troupeaux dans les Alpes
  • si le « loup espagnol » (Canis lupus signatus) ne s’est pas installé côté français des Pyrénées c’est parce qu’il est victime d’un braconnage massif.

association Le Klan du Loup

Commentaires sur l’article « Loup dans les Pyrénées »

3 réponses

  1. bonsoir,
    très heureux d’avoir découvert ce site
    tout à fait d’accord avec les luttes pour la faune sauvage.il ne faut peut-être pas tout mélanger mais je suis aussi très sensible aux problèmes rencontrés par ceux qui se battent pour la réintroduction de l’ours et du lynx…
    Bon courageJMM

  2. Bonjour
    je suis toujours tres sensible , à la survie du loup , cet animal me fascine ,..magique et mysterieux …je l’aime .
    ( j’ai fait un lien sur mon blog ,pour le klan )
    Gérard

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