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Misha Defonseca : « mentir avec les loups »

Misha Defonseca a avoué jeudi que l’histoire de son épopée à travers les forêts d’Europe, parcourues en 1941 avec une meute de loups, n’est qu’une oeuvre de fiction, et non pas un récit autobiographique comme elle le prétendait depuis dix ans. Explications.

« Survivre avec les loups. D’après l’histoire vraie de Misha Defonseca. » Le générique du film à succès, encensé par la critique, est sans équivoque. Tout comme le livre, best-seller traduit en 18 langues, dont il est adapté, présenté comme un récit « autobiographique ». Il s’agit de l’incroyable périple d’une fillette juive bruxelloise de 7 ans qui, en 1941, parcourt 3 000 kilomètres à pied vers l’est, pour tenter de retrouver ses parents déportés. Affamée, elle sera recueillie par une meute de loups, grâce à laquelle elle survivra. Or, l’histoire qui a bouleversé des millions de personnes est une supercherie… L’auteur a avoué jeudi que l’histoire de son épopée n’était qu’une oeuvre de fiction

Plusieurs mois de doutes

Fin janvier, Serge Aroles, chirurgien et spécialiste des enfants-loups, publiait un argumentaire sur Internet, pour dénoncer « une escroquerie monumentale ». Il explique que, dans l’histoire de l’humanité, par accident, une louve solitaire en état de pseudo-gestation (« grossesse nerveuse ») a pu secourir et allaiter des nourrissons, mais que, jamais, un enfant n’a vécu au sein d’une meute de loups.

Aroles mentionne en outre nombre d’invraisemblances: la fillette déchire de ses dents la peau du gibier et croque ses os (« Essayez donc, même avec des dents d’adulte ») ; elle lape l’eau avec efficience (« Là encore, essayez donc ») ; ses blessures guérissent grâce à la salive des loups (surinfectée) venus les lui lécher… Il souligne aussi « des inventions dont le délire est inégalé »: les loups de la meute partent chasser en laissant à la fillette la garde des louveteaux ; une louve la « réprimande » parce qu’elle urine comme un mâle, en levant la patte.

Entre-temps, l’éditrice américaine de Misha Defonseca, depuis longtemps en conflit financier et juridique avec l’auteur, a reçu des documents qu’elle a diffusés sur Internet : le certificat de baptême, à Etterbeek, de « Misha » (de son vrai nom, Monique Dewael), fille d’un fonctionnaire communal, née en 1937, et un registre scolaire de Schaerbeek de 1943-1944, où figure le nom de la fillette. Ce qui voudrait dire que, en 1941, année où « Misha » fuit à l’est, elle avait en fait 4 ans, et non 7 ; et que, lors de son prétendu séjour chez les loups d’Ukraine, elle était scolarisée à Bruxelles…

Le 20 février, Regards, la revue du Centre communautaire laïc juif de Belgique, reprenait cette affaire, citant Aroles, ainsi que l’historien de la déportation des juifs de Belgique, Maxime Steinberg, également convaincu qu’il s’agit d’une affabulation. « Cette personne raconte la persécution des juifs et sa fuite au printemps 1941, nous précise-t-il. Or la persécution n’a débuté que le 4 août 1942. Et la discrimination a tout d’abord été administrative. Tous les juifs ont dû aller s’inscrire sur un registre à la commune. Non seulement aucun Dewael n’y figure, mais son père, Robert, s’il avait été juif, n’aurait plus pu exercer une fonction publique. Il est vrai qu’il est mort dans une prison allemande, mais pas forcément pour actes de résistance. Je continue à chercher mais, jusqu’à présent, je ne trouve pas trace de son nom parmi les résistants. De toute manière, nous sommes en présence d’une imposture heurtante, d’une dérive qui utilise l’image de l’orphelin de la Shoah pour une opération financière fructueuse. »

Nos confrères du Soir ont révélé que Misha Defonseca niait toute supercherie. En outre, le 25 février, ils publiaient une photo de Misha Defonseca de 1977, où l’on voit les – jolies – jambes de la dame. Le hic ? La réalisatrice du film, Vera Belmont, avait déclaré qu’elle avait cru à la véracité du récit en voyant « les jambes violacées, les pieds déformés » de la protagoniste. Il s’agirait donc de très normaux outrages du temps…

Jeudi soir, Misha Defonseca a mis fin à la polémique. « Je me suis raconté une vie, une autre vie. Je demande pardon », a-t-elle déclaré. Face à des preuves irréfutables, rassemblant notamment la biographie de résistant de son père et le témoignage confondant d’une de ses cousines retrouvées à Bruxelles, Misha Defonseca a donc avoué.

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Commentaires sur l’article « Misha Defonseca : « mentir avec les loups » »

2 réponses

  1. et si misha était tout simplement une révisionniste ?en tout cas elle met de l’eau dans le moulin de ceux qui disent que les exterminations planifiées de juifs n’ont pas exister.qui croire maintenant ?cette femme fait beaucoup de mal

  2. Nous ne saurons jamais probablement pourquoi lui es venu cette histoire et pourquoi elle s’est enfoncé dedans. Peut etre cherchait elle a fuir quelquechose? elle s’est peut etre inventé un autre monde pour vivre mieux?toujours est il que c’est dommage. domage pour les loups et pour tous ces souvenir qui remonte a la surface et qui sont denigrés!

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