Photographie de Nicolas Vannier.

Nicolas Vanier : l’aventurier doit avoir des racines solides

Nicolas Vanier vient de publier « Loup », un grand roman d’aventures qu’il a adapté au cinéma (sortie en décembre 2009). L’histoire d’un jeune éleveur de rennes qui a trahi son clan pour suivre une voie de traverse. Autobiographique ?

Nicolas Vanier : « Le héros de mon livre est un jeune éleveur de rennes banni de son clan, car il choisit de vivre avec les loups. Moi, je n’ai pas été exclu de chez moi, mais ça n’a pas été facile. Je viens d’une famille solognote plutôt traditionnelle ; quand j’ai annoncé à mes parents ce que je voulais faire de ma vie, ils ont ouvert de grands yeux. Aventurier dans le Grand Nord ? C’était pour eux l’inconnu total. Si j’avais annoncé que je voulais devenir cosmonaute, ils auraient trouvé cela plus réaliste…
Mais ils m’ont laissé faire ; d’ailleurs si je suis parti très longtemps, je n’ai jamais vraiment quitté la famille. Entre deux expéditions, je suis toujours revenu dans la ferme. Je crois d’ailleurs que pour aller loin, un aventurier doit avoir de bonnes assises familiales. Les vrais solitaires, ceux qui partent en laissant tout derrière eux, longent des parois verticales et finissent souvent par tomber. Moi, je suis un gros chêne, dont les racines sont ici, en Sologne, avec ma femme et mes trois enfants.

Bien sûr, mon métier n’a pas toujours rendu la vie facile à Diane, ma femme, ni à nos enfants. J’ai renoncé il y a quelques années aux grandes expéditions, en partie pour être disponible. Quand je l’ai rencontrée, Diane était très jeune, elle m’a suivi les yeux fermés, ensuite nous avons eu Montaine, qui nous a suivis dans nos premières expéditions ; puis sont arrivés les deux garçons, Loup et Côme. Au début, c’était sans problème, mais la question de l’école, des copains s’est vite posée. J’ai dû partir seul ; Diane restait en Sologne avec les enfants, loin de tout. Ça n’allait plus. Ma très jeune femme avait grandi, elle avait envie de réaliser des projets en dehors de moi. D’ailleurs, elle vient de publier un beau livre de cuisine, domaine où je serais bien en peine de l’aider. Si l’on reprend la comparaison avec les loups, je suis sans doute ce que l’on peut appeler le mâle dominant de notre famille. Mais dans les meutes, il y a toujours deux dominants, le mâle et la femelle, qu’on appelle la femelle alpha. Elle a un rôle essentiel, qui dépasse l’éducation des louveteaux. Une meute de loups attaque toujours le gibier de deux côtés à la fois. Un flanc est commandé par le mâle, l’autre par la femelle, chez nous ça marche un peu comme ça.

Notre couple a toujours fonctionné à l’instinct. À aucun moment, nous n’avons eu de plan précis. Nous voulions voyager et nous avons décidé d’avoir un enfant, sans vraiment réfléchir aux conséquences pour notre mode de vie. On a vécu chichement pendant des années. Tous nos choix familiaux ont été faits sur ce mode-là. Dernièrement, Diane et notre aînée souffraient de l’isolement à la campagne, nous avons donc décidé de prendre un appartement à Paris et de garder la Sologne en résidence secondaire.
Il faut suivre ses envies. Nous allons encourager nos enfants à suivre leur voie, leur désir, même s’ils sont différents des nôtres. Je ne tiens pas spécialement à ce qu’ils deviennent conducteurs de traîneau comme moi. S’ils veulent devenir comptables ou informaticiens, je ferai tout pour les aider. »

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