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Tuer du Loup à tout prix

Un Loup va être tué à Périoule

ALLEVARD : Les étés se suivent et se ressemblent pour Jean-Pierre Jouffrey. En juin, il s’installe avec son troupeau de moutons au Collet d’Allevard avant de rejoindre l’alpage de Périoule au début du mois d’août. En famille. Et armé.

Le berger craint le loup comme la peste. « Chaque année, je perds à cause de lui des dizaines de bêtes. » Cet été 2006 ne déroge pas à la _ mauvaise _ règle. « 21 moutons ont été tués. Auxquels il faut ajouter les animaux perdus. 41 aujourd’hui. »
« Après un mois de juillet calme sur le front des attaques, le mois d’août est assez agité, explique Laurent Blin, technicien à la Direction départementale de l’Agriculture et de la Forêt. Avec le mauvais temps, la visibilité des gardiens est mauvaise .» Le loup a trouvé un allié.
« Quelques attaques ont été signalées sur les hauts plateaux du Vercors et dans le massif du Taillefer. Aucune en Chartreuse depuis celles de début juillet. Actuellement, la majorité des attaques a lieu dans le massif de Belledonne. » Face à ce phénomène, le préfet a décidé hier d’autoriser le prélèvement d’un loup par les lieutenants de louveterie à l’alpage de Périoule. Permis de tuer accordé.

Jean-Pierre Jouffrey, premier concerné par cette mesure n’a pas sauté de joie en apprenant la nouvelle. « C’est insuffisant. Il y a au moins 5 ou 6 loups qui rodent autour de mon troupeau. Un de moins ça va changer quoi ? J’espère que les attaques cesseront… mais j’en doute. Elles feront peut-être moins de dégâts. » Et de conclure : « Moi ce que je veux c’est zéro attaque !»
Pour protéger ses moutons, le berger ne se cache pas d’utiliser son fusil. « Mais je rentre mes bêtes dans des enclos et j’ai deux patous. » Une race de chiens qui ne craignent pas grand monde. Ni les loups. Ni les ours. 70 % des éleveurs en posséderaient. Est-ce pour autant « La » solution ? « Un bon enclos, un gardien et des patous suffisent contre le loup » estime un spécialiste du sujet.

Jean-Pierre Jouffrey, de son alpage, ne partage pas vraiment cet avis. « Moi il me faudrait trente ou quarante patous pour mes 3 500 bêtes. Impossible. Les chiens ce n’est pas « La » solution. Mes deux patous m’annoncent l’arrivée du loup. Ils le sentent de très loin. Voilà à quoi ils me servent. »

Eve Palacio dirige pour sa part un troupeau dans le Vercors. Elle a opté pour la solution « patous » depuis une dizaine d’années. « De fusil je n’en ai jamais eu, souligne l’éleveuse ; j’ai 160 bêtes et trois patous. Pour moi ces chiens, c’est du préventif, un élément de protection pour alerter le gardien du troupeau et faire peur aux loups comme à tous les autres prédateurs. »

Convaincue par cette méthode « naturelle », elle est consciente de ses inconvénients. « Avoir un chien, c’est un travail supplémentaire. Il faut le dresser quand il est jeune, monter le nourrir tous les jours. C’est une réelle surcharge de travail. Mais je pense que c’est une des réponses pour que loups et éleveurs puissent cohabiter. »

Cohabitation. Une notion relativement récente. « Les éleveurs ont pendant de longues décennies pris des habitudes que le loup vient bouleverser. Il faut aujourd’hui envisager l’élevage d’une autre façon. »

Matthieu ESTRANGIN / DL
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Patou et troupeau d’ovins

Le préfet de l’Isère et JP Jouffrey devraient écouter et prendre exemple sur Eve Palacio.

association Le Klan du Loup

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